Le syndrôme de l'imposteur
Cet article a été écrit et publié spontanément, pour partager une idée et réflexion en cours, incomplète et imparfaite, livrée sans souci de délit d’imposture…
Le syndrôme de l’imposteur traduit bien souvent un type de souffrance au travail, exprimée par exemple par le sentiment récurrent et durable de ne pas être à la hauteur des attentes d’un poste ou d’un rôle dans une organisation quelconque. Ce sentiment peut naître d’une peur naturelle à évoluer dans un nouveau contexte incertain, d’une retenue à dévoiler aux autres ses compétences/expériences auto-jugées pas suffisament pertinentes, du relevé des écarts entre ce qui est écrit (un CV, des attendus de fiche de porte) et ce que l’on sait vraiment faire… Cela peut occasionner une dissonance, un mensonge intérieur, ou par omission, en espérant que la situation évolue dans le bon sens, un moindre mal. Mais ensuite, ce mal peut devenir chronique. Ne sachant pas comment s’en défaire, la personne peut entrer dans le cercle vicieux du syndrôme de l’imposteur, empreint de déni et de souffrance refoulée plus ou moins perçue par les autres.
Heureusement, il n’y a pas de fatalité, il est possible de s’en défaire et sans coming-out fracassant (même si cela reste une option à envisager avec un personne de confiance ou en accompagnement de coaching) .
Pour réfléchir hors des sentiers battus, je propose d’expérimenter ici le problème avec cette histoire d’imposture via les 2 cercles diaboliques et vertueux du don (suite aux lectures du MAUSS en général et d’Alain Caillé en particulier). (une autre forme d’accompagnement par les approches narratives pour consister à tenter de réparer cette histoire)
IGNORER - PRENDRE - REFUSER - GARDER
Le cercle diabolique du don c’est lorsque les relations privilégient les verbes Ignorer, Prendre, Refuser, Garder. Ces verbes peuvent se retrouver à mon sens dans les comportements symptomatiques de l’imposture.
- IGNORER renvoie au déni d’un certain nombre de faits. Le déni est inconscient par nature. Prendre conscience du déni est déjà le signe d’en sortir. Mais ce n’est pas si simple. Il y a beaucoup d’avantage à ignorer, à se maintenir dans une situation de déni, plutôt qu’à s’ouvrir à la connaissance de quelque chose que l’on ne connait pas, ou à dévoiler aux autres et à soi quelque chose que l’on connait trop bien: son incompétence.
Qu’adviendra-t-il de moi après cet aveu, inavouable ? Cette question conduit à divers comportements.
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PRENDRE Prendre de la réalité que ce qui conforte ma posture d’ignorance, au risque même de l’interpréter différemment. “Prendre mal”
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REFUSER Refuser les signes de reconnaissance positifs extérieurs et encore plus de se faire soi-même des compliments.
Refuser d’admettre que l’on s’est trompé, jusqu’à refuser d’agir pour sa réussite, refuser de réussir, pour conforter sa croyance. Croyances limitantes : “Plus on tarde à avouer, plus la chute sera dure.” “Jusqu’ici tout va bien”
Le perfectionnisme est une boucle d’insatifaction.
- GARDER Refuser de reconnaître que la situation se dégrade et que l’on ne va pas pouvoir s’en sortir seul, consiste à ne rien changer dans sa posture générale, à garder sa position, son secret, son précieux.
Question puissante pour en sortir ici: “Qu’est ce que tu ne nous as pas dit ?” Dans un protocole de codéveloppement, où la personne ne répond pas aux questions des coachs, mais se limite à la prise de note, cette question peut constituer un moment fort.
DEMANDER - DONNER - RECEVOIR - RENDRE
Le cercle vertueux du don met en avant le cycle des relations donner, recevoir et rendre, initié par demander.
- DEMANDER C’est un signe d’acceptation d’une vulnérabilité, que l’on a besoin de l’extérieur pour progresser. Au lieu de demander tout de l’extérieur, il s’agit de préciser la demande. Demander à préciser permet plusieurs choses :
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découper
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prioriser
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se responsabiliser sur le reste de ce qui n’est pas demandé Dans la façon dont la personne “gèrera” le reste, il convient de faire préciser:
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la part de ce qui est plus important encore que ce qui est dans la demande, de ce que la personne voudrait préserver, et qui ne soit pas perdu, “Qu’est ce que tu n’as pas dit”
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la part d’incertitude
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la part de certitude lâcher prise
- DONNER
Pour dépasser ses limites, il faut donner réellement le meilleur de soi-même
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RECEVOIR : Accueillir les signaux positifs de l’action volontaire de soi, ses apprentissages. et aussi accepter que les résultats obtenus en ayant donné le meilleur de soi-même ne soient pas à la hauteur des attentes de soi, de son entourage.
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RENDRE : Rendre à soi ce dont on a besoin pour faire recommencer un nouveau cycle d’apprentissage vertueux. C’est aussi terminer une boucle d’apprentissage, par rapport à ce qui a été donné. Rendre aux autres la part qui leur revient dans notre réussite, en les remerciant, afin de préserver l’environnement, les ressources extérieures qui nous nourrissent. Rétablir l’équilibre, les conditions d’un environnement durable.
Exemples: Rendre peut se traduire par des actions très concrètes:
- rendre au réfrigérateur ce qu’on lui a pris la semaine précédente
- rendre des signes de reconnaissances à ceux qui ont manifesté leur soutien, ou même un don que l’on a pas ou mal accueilli (ignorer une demande d’aide ou refuser un don), parce qu’inadapté ou parce que nous n’étions pas prêt.
- retrouver l’équilibre, se ressourcer, pour se préparer à une nouvelle expérience, à de nouveaux changements.
Imposture poétique ou pas…
Un petit cadeau pour terminer cet article, construit avec des mots qui traînaient en brouillon:
Perché sur un guéridon
Se tenait un iguanodon
A l’affût de quelque dindon
Dans les rhododendrons
Au sortir de l’édredon
Cupidon crut voir Pos et Idon
Il fit usage de son don
pour faire des deux amidon
Mais au lâcher du cordon
Loucha sur un bourdon
Dévia le guidon
Frôlant Armageddon
Sans détour par case Meudon
Il fut banni à L’Isle en Dodon
Et contraint d’abandon
Son ecstasy en bidon.
*Moralité:
S’il te prend de faire un don d’un poème en don
Et que de la poésie des codons et d’anti-codons
Tu n’as pas eu don, lances-toi donc