L'entreprise agile est-elle une personne morale ?
Personne ne remet en cause l’idée, même si réductrice, que l’agilité soit un moyen de servir l’entreprise.
Mais de quelles entreprises parle-t-on ?
Toutes celles qui font appel à l’agilité pour servir des intérêts non alignés avec les valeurs promues par l’agilité seront confrontées tôt ou tard à un désalignement de valeurs contre-productif, pouvant conduire à une remise en question de leur raison d’être et de leur organisation plus ou moins profonde.
Toutes celles qui se bâtissent dès le départ sur un alignement de valeurs, une mission à laquelle les collaborateurs adhèrent personnellement, seront peut-être plus efficiente pour obtenir l’impact qu’elles souhaient avoir dans le monde.
Mais rien n’est moins sûr. Entre un parfait alignement de valeurs entre personnes et organisations et la capacité à faire, à aligner les actes, il y a un monde, justement.
De quoi se doit se préoccuper une entreprise ? De quoi veulent bien se préoccuper leur salariés ? et de quoi ne veulent-ils pas se préoccuper ?
Jouir d’une liberté individuelle dans leur vie privée par l’obtention d’un salaire dans la vie professionnelle.
Garder sa liberté de pensée et d’agir à titre privé sans que cette liberté soit investie par la sphère professionnelle. Dès lors que l’entreprise s’occupe de ce qui est bon ou pas de réaliser à titre personnel, elle prive la liberté de chacun de le réaliser de façon libre et volontaire.
Ayant participé à un jury de préparation des étudiants à des oraux d’entrée aux grandes écoles de commerce, j’ai été frappé par le caractère obligé de présenter dans leur profil, au delà du projet professionnelle, des centres d’intérêts pour l’humanitaire, la lutte contre les discriminations, ou la protection de l’environnement. Si l’on n’ose pas douter de ces intentions louables pour un monde meilleur, à quel point cette volonté persistera et se concrétisera, dans un contexte où “une tenue correcte est demandée”, sous-entendu costard cravate, et que le port de “chaussures brillantes” est sanctionné moralement.
J’en conclus en rapport à l’agilité radicale, que l’entreprise doit faire confiance aux salariés pour se saisir des questions morales/éthiques et dans ce sens l’agilité radicale, émergente est compatible. Ensuite toutes les entreprises n’ont pas vocation à être/devenir des entreprises à mission. Servir ses clients en faisant le moins de dégâts possibles, c’est déjà pas si mal. Les limites basses que nous avons viennent du juridique tandis que les objectifs/ambitions sont librement définis par les personnes.