Scrum birthday

Scrum birthday

Nous sommes le 18 Novembre 2020, 17:00 Toulouse - 2ème semaine du 2ème confinement.

C’est la première fois que j’écoute en direct la conférence de lancement de la toute dernière version du Guide Scrum, à l’occasion du 25ème anniversaire de Scrum. Je ne suis pas le seul, les messages dans le chat défilent à toute vitesse.

Comme je me lasse d’écouter, en même temps, je découvre le livret que j’ai imprimé en couleur comme à l’habitude, pour y surligner des changements et y annoter des choses qui m’interpellent. Le livret est plus court que les versions précédentes, tant mieux, j’ai moins à lire. Je m’attends à un message plus simple, plus ouvert à d’autres domaines, mais aussi plus tranchant quant au retour à l’essence de l’agilité, à contre courant d’autres frameworks plus englobants qu’inclusifs. Chaque relecture d’un texte de référence, est l’occasion de s’interroger à nouveau sur sa pratique en rapport à l’essentiel, et ainsi de remettre en question encore quelques croyances, ou préjugés. Cela peut avoir pour effet d’ancrer le langage ou de le revisiter si nécessaire pour clarifier, réactualiser, retisser des liens avec nos dernières expériences.

La conférence en ligne, commence par une petite intro des pères de Scrum Jeff Suttherland et Ken Schwaber chacun chez soi, dans une ambiance confortable, près de la bibliothèque et de la cheminée. C’est drôle, on dirait que j’ai la même bibliothèque Ikea que Jeff, mais pas les mêmes livres dessus. Son dernier “Twice the work in half the time” ne m’a pas attiré plus que d’autres jusque là. J’avais trouvé la promotion un peu trop “bling bling”, et puis pour optimiser le flux de création de valeur, j’avais préfèré d’autres approches et lectures sur kanban [1] ou devops [2], en gardant l’autre oeil sur ce qu’en dit Claude [3].

Après l’intro, c’est au tour de JJ Sutherland, et Dave West de prendre le relai et de nous parler “focus”. Je décroche, mon anglais sûrement, en tous cas j’en tire trop peu de valeur par rapport au temps que je préfère investir immédiatement dans la lecture du guide au calme. Focus.

En synthèse, voici ce que je note devoir me rappeler en plus de ce que je crois déjà savoir:

  • La théorie de Scrum se sont les 3 piliers.

  • Les valeurs de Scrum :

ENGAGEMENT - FOCUS - OUVERTURE - RESPECT - COURAGE

  • Lorsque les valeurs sont incarnées dans les personnes de l’équipe, les piliers émergent et avec eux, la confiance de l’équipe est renforcée.

Ce qu’il y a de nouveau c’est l’alignement entre les artefacts et les objectifs qu’ils portent:

Artefact Objectif
Backlog de produit Objectif de produit
Backlog de sprint Objectif de sprint
Increment de produit Definition of Done

Cela apporte une certaine cohérence d’ensemble, la simplification que je pouvai espérer, mais avec quelques perceptions mitigées sur le détail (comme souvent avec tout changement subi)

Je trouve que l’idée de renforcer l’objectif du sprint est bonne. ça oblige à bien distinguer le “pourquoi on fait tout ça ?” du comment, susceptible de renforcer la coopération dans l’équipe.

L’objectif du produit ne me semble pas associé à une échéance claire durant laquelle sa définition ne devrait pas trop bouger. Cela présente un risque. La notion de saison, avec un cycle de saisons m’aurait bien plu ici.

Je trouve la Definition of Done associée à l’“incrément de produit” un peu rigide à prime abords. J’ai l’habitude d’une DoD multi-facettes, déclinée sur tous types d’artefacts autres que “l’incrément de produit”. La DoD est vue comme LA règle de standard qualité à respecter par l’équipe. Il semble ne pas y avoir de demi mesure.

Surtout lorsque l’on s’est habitué à penser la Definition of Done comme quelque chose qui ne se rapporte pas uniquement à l’incrément de produit, mais aussi

  • à chaque story

  • à chaque morceau de valeur produite par l’équipe et pas nécessairement rattachée à un produit

  • à des objets d’apprentissage ou d’optimisation indirectement liés au produit

Je passe vite sur la définition des rôles que je pense inchangée (à tort, cf. Pablo Pernot) Je cherche la note des choix de traduction des mots anglais/français, sans la trouver.

Je me dis qu’il y aura bientôt des commentaires plus ou moins intéressants sur cette édition, et qu’en tous cas pour moi, elle ne va pas changer grand chose dans mes accompagnements.

05/01/2021: Je reviens sur ce guide, à la suite de la lecture de l’article de Pablo Pernot “Difficile fin de carrière pour Scrum”.

Quoi de mieux pour commencer une nouvelle année qu’ordonner ses pensées et enterrer quelques trucs devenus inutiles ? A mon sens, le nouveau guide Scrum ne sauvera pas plus de projets, produits, business, équipes. Peut-être qu’un “scrum radical” pourrait sauver Scrum des récupérations du faux agile. Mais l’objectif est ailleurs. Scrum reste un cadre “simple” permettant à une équipe de se poser et tenter de répondre à de meilleures questions en agissant pour le bien commun, l’écosystème, de l’équipe avec ses parties prenantes.

Fin du débat ici, en ce qui me concerne.

La suite du comparatif en image:

The New 2020 Scrum Guide

Les autres regards affûtés et (très) critiques sur cette évolution de Scrum:

(1) “Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher” Antoine de Saint-Exupéry.